• « I am going out of my head », Little Anthony meilleur interprète du soi qui s'excapite, sans doute à cause de sa voix, d'abord, puis du mouvement de sa propre tête, indéfinissable, pourtant moins ondulant que Frankie Lymon.

    Hors de sa tête, perdre sa tête, Saint Denis la ramassa comme un objet transitionnel, suscitant la frayeur de son tyran, nous l'avons désormais un peu tous à l'extérieur, et la contemplons sans nos yeux, du bout des doigts. Maggot Brain nous enseigne le voyage de l'esprit, par les vibrations acoustiques, souvent proches du cri, primal, de l'aube des consciences, ou primordial, qui signe le déploiement pulmonaire. Et nous en venons au fait : la tête d'où exhalent nos pensées se dissocie de ses produits et la respiration l'y entraine jusqu'à l'oubli de soi.

    Et voici la demi lune croissante, sertie dans la nuit comme un œil enivré ; plus nous devenons intelligents, plus nous absorbons la lumière, nous étendons un trou. Une multitude de plis et de crevasses rendent la superficialité opaque, de plus en plus opaque, de plus en plus de plis, d'innombrables ciselures capturent nos lumières jusqu'au néant du grand noir. Heureux hasard de la nature, les trous noirs de l'univers aspirent eux aussi l'énergie, la lumière, la matière, vers on ne sait où, comme on s'épuise à se rendre compte, et le laser femtoseconde rend le métal noir, multipliant les surfaces.

    Nous finirons tous par y sombrer, en corps ou en cendres, après que se sera éteint la chandelle, puis la tête. 


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